Sauramps

Vagues de froid 

Jean-Pierre AUFFRAY

Une vague de froid est un épisode de baisse des températures caractérisé par sa persistance, son intensité et son étendue. Elles ont des conséquences sanitaires mais également sociales, économiques et logistiques.

Les conséquences sanitaires sont plus en rapport avec les index bioclimatiques intégrant le refroidissement éolien et l’hydrométrie qu’avec la température relevée.

Les conséquences sanitaires peuvent être directes, hypothermie et lésions tégumentaires, ou indirectes :

  • augmentation des infections bactériennes et virales,
  • décompensation de pathologies chroniques,
  • augmentation de la traumatologie et des intoxications au monoxyde de carbone.


Ces hypothermies concernent surtout les sujets à défenses diminuées, jeunes enfants, sujets âgés, intoxications, pathologies sous-jacentes ou des sujets sains exposés à des basses températures sans possibilités de se protéger.

Lors des vagues de froid, la précarité sociale et économique augmente la vulnérabilité des personnes.

L’hypothermie s’installe progressivement : légère 35°C à 32°C, moyenne 32°C à 28°C, sévère < à 28°C. Elle entraine une baisse progressive du débit cardiaque, une altération de l’activité musculaire et de la conscience aboutissant à un coma et un état de mort apparente quand la température est inférieure à 28°C.

Les lésions tégumentaires sont représentées par les engelures et les gelures. Les engelures sont marquées par une zone de peau blanche ou jaune-gris, peu douloureuse, associée à un engourdissement des parties exposées au froid. Les gelures surviennent lors du gel complet des tissus. La peau est insensible, peut devenir bleu-noirâtre et cloquée.

Ces lésions sont classées en quatre stades, les plus sévères peuvent conduire à des amputations.

Les conséquences sanitaires indirectes sont essentiellement représentées par la décompensation de pathologies sous-jacentes, accidents coronaires et vasculaires cérébraux et une élévation du risque infectieux.

Lors de vagues de froid accompagnées de chute de neige et de verglas, il y a une augmentation de la traumatologie et une gêne à la circulation routière, parfois ferroviaire et aérienne, entraînant des difficultés d’approvisionnement et d’acheminement des secours.

Les vagues de froid entraînent fréquemment une surfréquentation des services d’urgence.

Prévision et prévention :

Les services de météorologie sont capables de prévoir le risque de survenue d’une vague de froid et son intensité. Ils émettent des alertes, ces alertes sont relayées au plan départemental par l’activation par le Préfet des plans grand froid1.

  • Le niveau 1 vigilance verte est activé chaque année du 1er novembre au 31 mars,
  • Le niveau 2 vigilance jaune, froid de 1 à 2 jours ou période de froid qui dure dans le temps,
  • Le niveau 3 vigilance orange, période de froid intense caractérisée par des températures ressenties minimales très basses de l’ordre de -18 °C,
  • Le niveau 4 vigilance rouge, période de froid exceptionnel, intense et durable, étendue, qui entraine l’apparition d’effets collatéraux dans différents secteurs, arrêt de certaines activités.


En cas d’impact sur les infrastructures, de verglas et de chute de neige, le plan neige verglas peut être activé par la préfecture du département.

Prise en charge :

  • Généralement les hypothermies sont moins profondes que celles observées lors d’immersions prolongées ou chez les victimes d’avalanches.
  • La prise de température doit être réalisée avec un thermomètre hypothermique.
  • Les victimes d’hypothermie doivent être mises à l’abri du vent et de l’humidité, revêtues de couvertures légères et de vêtements secs.
  • Selon le degré d’hypothermie : Hypothermie légère 35 à 32°C. Le réchauffement doit être progressif sans friction externe, ni rayonnement direct ou de convection d’air chaud forcée. Chez les patients sans troubles de la conscience et de la déglutition, une réhydratation par voie orale par des boissons tièdes ou chaudes peut être entreprise sous la surveillance de secouristes.
  • Même en cas d’hypothermie légère les patients devront être hospitalisés surtout en cas de pathologies sous-jacentes.
  • Les hypothermies plus importantes < 32°C avec troubles de la conscience devront être transportées médicalisées monitorées (risques d’arythmies) vers un service d’urgence ou une réanimation. Un réchauffement externe modéré et progressif, associé à une réhydratation progressive avec des solutés réchauffés à 35°C et une oxygénothérapie, peut être débuté en préhospitalier. Les réchauffements internes par circulation extra-corporelle sont rarement indiqués dans ces situations.


Les patients présentant des troubles tégumentaires évoquant une gelure devront être admis dans un service d’urgence, aucun geste n’est à réaliser en préhospitalier.

Au niveau des établissements de soins, en cas de tension hospitalière associée à des difficultés de déplacement du personnel hospitalier, le plan de mobilisation interne puis le plan blanc peuvent être déclenchés. En cas de vague de froid prolongée ou intense avec un impact significatif en terme sanitaire le plan ORSAN climatique peut être activé, permettant la mobilisation de l’ensemble des établissements de santé et du secteur médico-social.

1. Guide national relatif à la prévention et à la gestion des impacts sanitaires et sociaux liés aux vagues de froideur. Ministère des solidarités et de la santé Ministère du travail Ministère de l’intérieur. Ministère de la cohésion des territoires. 2017-2018. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide_vague_de_froid_2017-2018.pdf.