Sauramps

Vagues de chaleur

Jean-Pierre AUFFRAY

Les vagues de chaleur correspondent à des températures anormalement élevées, observées pendant plusieurs jours consécutifs. En France, on parle également de canicule, c’est une vague de chaleur de grande intensité quand les températures diurnes et nocturnes dépassent les seuils régionaux pendant au moins trois jours. Les vagues de chaleur ont des effets sanitaires importants associés à une élévation de la morbidité et de la mortalité.

Les enfants en dessous de cinq ans et les sujets de plus de 75 ans sont les plus à risques.

Des pathologies et certaines thérapeutiques diminuent les capacités de régulation thermique et augmentent les risques sanitaires.

L’habitat urbain et précaire, l’exposition à la pollution accroissent les risques de complications. Les conséquences pathologiques s’expriment par quatre tableaux cliniques.

  • La déshydratation, la déshydratation et l’hypovolémie vont favoriser l’apparition d’une hyperthermie par incapacité d’élever le débit cardiaque et diminution de la sudation ; lors de l’installation d’une hyperthermie, s’il n’y a pas d’apport hydrique suffisant, très rapidement une déshydratation va s’installer.
  • L’épuisement par la chaleur. C’est le tableau le plus fréquemment observé chez le sujet âgé et les personnes à risques, il se manifeste par une fatigue intense, une élévation de la température (< 40°C), des céphalées, des nausées, des vomissements, des vertiges, une hypotension, une hémoconcentration, une hyperkaliémie et une insuffisance rénale fonctionnelle. Non ou mal traité, l’évolution se fera vers le coup de chaleur.
  • Le coup de chaleur. C’est la forme la plus grave avec une mortalité élevée chez le sujet âgé (50%). Il se manifeste par des troubles neurologiques, convulsions, coma, une température corporelle > 40 °C, une hypotension, une insuffisance rénale aiguë puis une défaillance multiviscérale.
  • Le coup de chaleur d’exercice. Lors de vagues de chaleur, il peut être observé lors d’activités professionnelles ou sportives. Il est favorisé par un effort prolongé, en ambiance chaude avec une tenue vestimentaire inadaptée et l’absence d’acclimatation. Il se manifeste par une asthénie intense, une peau sèche, un malaise, des convulsions, un coma, une hyperthermie > 40°C et une rhabdomyolyse. Chez le sujet jeune la mortalité est de 5 à 10%.

L’anticipation :

En fonction des données bioclimatiques et de l’évaluation de la durée du phénomène, les services météorologiques vont émettre quatre niveaux de vigilance¹.

  • Niveau 1. Veille saisonnière correspond à une couleur verte sur la carte de vigilance météorologique. Ce niveau est activé automatiquement du 1er juin au 31 août de chaque année.
  • Niveau 2. Avertissement chaleur, c’est une phase de veille renforcée permettant aux différents services de se préparer à une montée en charge.
  • Niveau 3. L’alerte canicule est décidée en fonction des données bioclimatiques et des indicateurs sanitaires en lien avec les agences régionales de santé (ARS). A ce niveau, des actions de prévention et de gestion sont mises en place par les services publics et les acteurs territoriaux de façon adaptée à l’intensité et à la durée du phénomène.
  • Niveau 4. Mobilisation maximale, vigilance météorologique rouge. Ce niveau correspond à une canicule avérée exceptionnelle, très intense et durable.

Prise en charge médicale au plan individuel :

  • La prévention consiste à mettre à l’abri les personnes à risque dans des endroits rafraîchis et ventilés et à assurer une hydratation adaptée par voie orale (éviter l’hyperhydratation source d’hyponatrémie).
  • Les états de déshydratation ne nécessiteront pas toujours d’être hospitalisés, la prise en charge est basée sur une réhydratation orale progressive accompagnée d’une mise à l’abri dans une zone refroidie.
  • L’épuisement par la chaleur nécessite le plus souvent une hospitalisation pour les sujets les plus âgés ou présentant des comorbidités, la base du traitement reste la réhydratation par voie orale ou parentérale et le refroidissement externe, le traitement peut être débuté lors de la période préhospitalière.
  • Le coup de chaleur et le coup de chaleur d’exercice sont des urgences dont le traitement doit être entrepris dès la phase préhospitalière par un refroidissement intensif externe (hydratation froide cutanée, glaçage, convexion forcée) associé à une réhydratation parentérale et une oxygénothérapie. Les antipyrétiques sont inutiles et dangereux. L’hospitalisation doit se faire en réanimation.

Prise en charge collective :

Les vagues de chaleur s’accompagnent d’une augmentation de la fréquentation des urgences responsable de tensions hospitalières. Les établissements de soins doivent activer leur plan de mobilisation interne puis à un niveau supérieur leur plan blanc et se mettre en configuration pour répondre aux préconisations du dispositif ORSAN EPI-CLIM : gérer l’aval des urgences en adaptant les capacités d’hospitalisation dans les services de médecine polyvalente et de gériatrie et dans les services spécialisés d’infectiologie, assurer la prise en charge de patients présentant des signes de gravité éventuellement en réanimation.

 

1. Qu’est-ce que la vigilance météo ? Ministère de l’intérieur. Risques et savoir. 27-08-2013. http://www.reseau-canope.fr/risquesetsavoirs/ qu-est-ce-que-la-vigilance-meteo.html