Sauramps

Soutien pharmaceutique en médecine de catastrophe

Claude RENAUDEAU

Le soutien pharmaceutique en médecine de catastrophe doit être adapté aux besoins qualitatifs et quantitatifs des différents niveaux de la chaîne de secours. Dépendant du type de catastrophe, il doit concerner les médicaments y compris l’oxygène, les dispositifs médicaux stériles et non stériles, ainsi que les matériels biomédicaux et médico-secouristes.

Les personnels soignants de l’avant interviennent avec des sacs individuels pour assurer les soins sur le terrain et lors du transfert des victimes au PMA.

Des lots référencés, repositionnés et projetables ont été prévus par les services publics concernés :

  • lots NOVI (Nombreuses victimes) des SDIS, mis en place par les pharmaciens des pharmacies à usage
    intérieur (PUI), attachés à un PMA et prévus pour la prise en charge de 12 victimes ;
  • lots polyvalents constituants les Postes Sanitaires Mobiles (PSM) permettant la prise en charge de 200
    victimes réalisés sous la responsabilité d’un pharmacien hospitalier¹.
    Ils permettent les gestes d’urgence en situation collective, citons notamment :
  • le contrôle des hémorragies et le remplissage vasculaire ;
  • l’oxygénation par intubation-ventilation, l’exsufflation et drainage ;
  • l’administration des antalgiques et des antidotes ;
  • l’immobilisation des membres et le pansement des plaies ;
  • la protection de l’hypothermie…

Quel que soit le conditionnement retenu, le colisage doit avoir un poids adapté autorisant et facilitant la manipulation et le portage des caisses à la main et permettant un suivi des lots d’articles pharmaceutiques avec notamment la gestion des dates de péremption et des numéros de lots afin de pouvoir effectuer si besoin des retraits en cas d’alerte de pharmaco ou de matériovigilance.

Une attention toute particulière doit être apportée aux médicaments sensibles aux variations de température et à la gestion des stupéfiants.

Sur place, les soignants doivent non seulement avoir accès facilement aux consommables pharmaceutiques et aux matériels biomédicaux pour renouveler leur dotation, mais ils doivent pouvoir bénéficier également d’une mise à disposition des kits préconditionnés, adaptés aux différentes pathologies à traiter.

De même, en matière de dispensation et de préparation sur le terrain notamment des formes injectables, le concours pharmaceutique s’avère facilitateur et source d’un gain de temps appréciable.

La mise ne oeuvre de l’oxygénothérapie nécessite de disposer de volumes d’oxygène suffisants, des dispositifs médicaux nécessaires à son administration, y compris des rampes distributrices permettant de fournir de l’oxygène simultanément jusqu’à 10 victimes².

La prise en charge de 50 victimes ayant besoin chacune de 10 litres d’oxygène par minute, nécessite de pouvoir disposer de 30 000 litres d’oxygène normobare par heure, c’est-à-dire de 10 bouteilles de 15 litres par heure ou de 30 bouteilles de 5 litres, soit un poids de 300 kg environ.

Dès l’alerte il importe de connaître la nature de la catastrophe, le nombre de victimes et la dominante des blessures (traumatologie, brûlure, intoxication, risque NRC) de façon à engager les moyens adaptés et notamment de prévoir les quantités d’oxygène à acheminer sur le terrain.

Il faut :

  • mettre à disposition des soignants les traitements symptomatiques et le cas échéant antidotiques lorsque des antidotes existent³ ;
  • regrouper le matériel biomédical et les médicaments du SSSM et du SAMU en un lieu unique sous la coordination d’un pharmacien ;
  • effectuer la reconstitution des médicaments et préparer les matériels médicaux de façon à les rendre prêts à l’emploi en mettant à disposition des outils opérationnels comme par exemple les plateaux pharmaceutiques contenant des seringues préremplies ;
  • organiser un circuit d’acheminement des médicaments ;
  • mettre en place un suivi de la gestion des stocks ;
  • utiliser les fiches pharmaceutiques de l’avant, de façon à avoir une traçabilité de l’administration des produits de santé pour chaque victime.


En fin d’intervention, il faut veiller à récupérer les bouteilles d’oxygène vides, tous les consommables déconditionnés, tous les matériels utilisés ainsi que les déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI).

 

Figure 1 : Aspect du PSM 2 du SAMU 94. Photo SFMC.

1. Mathey C., Chevallier-Brilloit C. Postes sanitaires mobiles et logistique de catastrophe. In : Julien H. Manuel de médecine de catastrophe. Editions Lavoisier : Lavis, 2017: 815-22.
2. Lafond S. Oxygène médicinal en situation NRBC-E. In La revue de la Société française de médecine de catastrophe : 2019; 2: 26-8.
3. Veyrat V., Coudert C., Gandon F., Münagorri M. and al. Organisation de la logistique pharmaceutique lors d’une intervention à caractère NRBC-E dans les Yvelines. Communication présentée lors de la session « NRBC-E : de la théorie à la pratique » ENSOSP Aix-en-Provence 11/12/2014.