La convention d’interdiction des armes chimiques (CIAC) n’a malheureusement pas empêché l’emploi répété de toxiques de guerre (sarin, chlore et ypérite notamment) lors des conflits récents.
L’utilisation terroriste de toxiques chimiques, l’attaque de sites industriels ou plus simplement l’accident industriel sont des menaces à ne pas négliger.
La conséquence clinique principale des toxiques militaires et industriels est l’hypoxie multifactorielle. Son traitement est essentiellement symptomatique et parfois étiologique si un antidote existe.
L’action des secours en ambiance NRBC doit concilier deux enjeux¹ :
• Ne pas retarder ou diminuer l’efficacité des soins au profit des victimes ;
• Protéger les soignants et les structures de santé du risque de contamination.
Certains agents liquides ou solides exposent au risque de transfert de contamination et imposent donc une décontamination. Une simple douche peut alors suffire si le produit est soluble dans l’eau, mais favorisera au contraire son étalement sur la peau dans le cas contraire (vésicants par exemple).
D’autres (notamment les gaz) sont à fort risque d’intoxication mais à faible risque de contamination. Le déshabillage est alors indispensable pour éviter le relargage de toxiques piégés dans les vêtements (comme cela a été le cas à Tokyo ou lors de nombreux attentats au chlore) et peut le plus souvent s’avérer suffisant pour permettre une prise en charge « classique » des patients.
Les équipes secouristes et médicales confrontées à un possible risque chimique doivent dans l’ordre²,³ :
• Se protéger (rester à l’air libre, définir les zones de danger et revêtir les tenues de protection avant d’y pénétrer…) ;
• (Faire) extraire les victimes à l’air libre, leur faire retirer systématiquement la couche externe de vêtements et initier une éventuelle décontamination d’urgence à l’aide de gants poudreurs ou produits spécifiques type Reactive Skin Decontamination Lotion (RSDL) ;
• Identifier et comprendre la situation. Confronter l’anamnèse, les toxidromes et les résultats des appareils de détection pour évoquer la nature du ou des toxique(s) possible(s) ;
• (Faire) initier immédiatement les gestes de sauvetage (hémorragies, oxygénothérapie, gestion des voies aériennes) et administrer les antidotes adaptés¹,⁴ ;
• Mettre en oeuvre une décontamination approfondie (chaine de décontamination) si nécessaire ;
• Poursuivre les soins médicaux et orienter les patients vers les structures de soins adaptées à leur état.
Figure 1 : Chaine de survie en ambiance NRBC. D’après Calamai et al.
Tableau 1 : Signes cliniques et résultats de détection par appareils portatifs de contrôle de la contamination (AP2C et AP4C) pour les principaux agents chimiques justifiant de l’administration d’un antidote et/ou d’une décontamination approfondie.