Sauramps

FMA, SINUS et traçabilité lors d’une catastrophe

Catherine BERTRAND, Eric LECARPENTIER

Prendre en charge une victime oblige à une traçabilité pour renseigner les confrères qui l’accueilleront à l’hôpital, sa famille, les autorités, de son état clinique initial et des soins prodigués, du lieu d’évacuation, dans le respect du secret médical. La situation de catastrophe est particulière au regard du grand nombre de victimes et d’intervenants (secouristes, soignants), nécessitant un triage continu tout au long de la chaîne de secours et de soins en UA,UR, impliqués, décédés.

Deux systèmes complémentaires permettent de concrétiser la traçabilité¹ :

  • Un document papier : la fiche médicale de l’avant (FMA) ou de catastrophe sur laquelle sont transcrits les données administratives, la catégorisation en fonction de la gravité clinique et les pathologies dominantes, les soins effectués et la destination d’évacuation. Elle est fixée sur la victime jusqu’à sa destination.

Figure 1 : Fiche médicale de l’avant.

  • Un outil numérique (depuis 2016) : le système SINUS (Système d’Information Numérique Standardisé) qui dénombre les victimes et leur catégorisation avec possibilité de transmission immédiate des informations. SINUS est interconnecté à l’hôpital avec le système SIVIC (Système d’Information des Victimes) à des fins d’identitovigilance.

Le bracelet SINUS, préimprimé avec un numéro immatriculaire unique national (attaché à un anneau de 10 bracelets) est mis au poignet, au plus proche du lieu de prise en charge, si possible en même temps que la fiche FMA. Chaque bracelet a 6 étiquettes autocollantes avec le même QRcode qui servent à la FMA, au tableau de bord papier listant les victimes au poste médical avancé (PMA), et à tracer les effets personnels stockés. Tous les acteurs de terrain (sapeur-pompiers, secouristes, policiers, SAMU-SMUR) peuvent apposer un bracelet. Une souche de chaque bracelet reste accrochée à l’anneau pour une saisie rapide dans SINUS.

Le SAMU ou l’ARS ouvrent un événement SIVIC. La saisie dans SIVIC (numéro SINUS du patient, catégorisation) est assurée par le personnel administratif des admissions de l’hôpital.

SIVIC identifie nominativement les patients (identitovigilance) arrivés à l’hôpital, évacués du terrain avec un numéro SINUS ou arrivés spontanément aux urgences sans numéro SINUS. Les patients se présentant spontanément aux urgences d’un établissement, en provenance du même évènement, sont inscrits dans SIVIC. Un numéro SINUS est automatiquement généré.

Lors d’un évènement terroriste, après validation de l’ARS, les informations SIVIC sont synchronisées avec celles de SINUS, afin que la SIAV (service interministériel d’aide aux victimes) puisse informer les familles.

En situation catastrophique, les listes SINUS et SIVIC sont adressées au procureur de la république. En l’absence de système informatique SINUS, ce sont les FMA qui permettent de colliger les informations pré-hospitalières.

  • Attribuer une FMA et/ou un bracelet SINUS à chaque victime (vivante ou décédée) pour toute urgence collective. Un officier sapeur-pompier ouvre un évènement SINUS. La saisie dans le web SINUS est assurée au plus près de l’événement ;
  • Ouvrir un évènement SIVIC (SAMU ou ARS) et le lier à l’évènement SINUS ;
  • Saisir le numéro SINUS et l’identité du patient au plus vite dans SIVIC à l’arrivée dans les établissements hospitaliers receveurs ;
  • Former le personnel des SDIS et des Etablissements de Santé à l’utilisation des FMA et de SINUS.

Le personnel administratif des établissements de santé doit bénéficier d’une formation et d’un entrainement régulier à l’accès et la saisie dans SIVIC. Des tutoriels sont édités par l’Agence du Numérique en Santé².

1. François Valli, Michel Nahon, Benoit Vivien – Fiche de catastrophe. In Manuel de médecine de catastrophe. Elsevier 2017 ; Paris ; 833-844.
2. Système d’information pour le suivi des victimes d’attentats et de situations sanitaires exceptionnelles. Tutoriels édités par l’Agence du Numérique en Santé – accessibles après identification. https://esante.gouv.fr/projets-nationaux/si-suivi-des-victimes-dattentats-et-de-situations-sanitaires/ »