Une explosion est la transformation quasi-instantanée d’un solide ou d’un liquide en gaz générant une augmentation rapide de volume qui engendre une onde de surpression appelée onde de choc qui se propage dans toutes les directions, et une libération d’énergie importante.
L’explosion se caractérise par sa brutalité, son caractère destructeur et l’atteinte simultanée de très nombreuses victimes.
Les lésions de blast sont les premières causes de blessures en milieu militaire, la menace terroriste impose au milieu civil de s’approprier les notions nécessaires à la prise en charge de ces blessures complexes.
Ces situations se retrouvent aussi dans les milieux industriels ou naturels (foudre).
L’onde de choc se propage dans toutes les directions. On distingue la déflagration avec une vitesse de propagation de l’onde de pression inférieure à la vitesse du son, la détonation avec une vitesse de propagation supérieure à la vitesse du son. Ce dernier phénomène s’observe avec les explosifs brisants.
La vitesse de propagation de l’onde de choc dépend du milieu dans lequel elle se propage, par ordre croissant l’air, les liquides et les solides. Dans l’air elle est de l’ordre de 4 à 8 km/s, dans les liquides environ 4 fois plus rapide et 15 fois plus rapide dans les solides. L’onde de choc s’atténue, s’amortit avec la distance en fonction de la nature du matériau (Tableau 1). Dans l’air elle dépend également du degré et du mode de confinement : l’atténuation est très rapide en propagation sphérique (milieu ouvert, 3 dimensions), moins rapide en propagation radiale (pièce d’une habitation, 2 dimensions) et très limitée en propagation axiale (tunnel étroit, 1 dimension)¹.
Tableau 1 : Propagation et amortissement de l’onde de choc.
Les situations d’explosion :
Elles se retrouvent aussi dans les milieux du travail ou industriel² avec plusieurs phénomènes³ :
• unconfined vapour cloud explosion (UVCE) : un nuage de gaz explosif prend feu au contact d’une source de chaleur et le front de flamme se propage au sein du nuage engendrant une onde de pression ;
• boiling liquid expanding vapor explosion (BLEVE) : rupture d’un réservoir de gaz liquéfié générant une vaporisation brutale et explosive de la totalité du contenu. Le danger de ce phénomène repose sur la taille du réservoir et la quantité de gaz ;
• explosions de milieu pulvérulent⁴ : poussières de charbon, silos de grains ;
• explosions de stockage d’engrais de type nitrate d’ammonium qui est un précurseur d’explosifs : explosion historique d’Oppau, d’AZF, de Beyrouth ;
• backdraft et explosions de fumées lors des incendies par apport intempestif d’oxygène ;
• explosions de réservoir de gaz ou d’air sous pression, graves lorsqu’elles surviennent en milieu clos ;
• explosions nucléaires de type Tchernobyl ou Fukushima dont le danger est celui des effluents radio-actifs.
L’effet de l’onde de choc :
L’onde de choc engendre les lésions primaires5, qui sont les lésions de blast proprement dites. Les organes ont des sensibilités différentes à l’intensité de l’onde de choc. Par ordre croissant de sensibilité des organes creux on note : les lésions auditives, pulmonaires, digestives.
Si l’onde de choc est très importante, des amputations traumatiques sont possibles. La mise en mouvement des gaz générés par l’explosion provoque la projection de particules et le polycriblage des patients. Ce sont les lésions les plus fréquentes.
L’effet de souffle peut aussi projeter le patient lui-même (contre les murs, chute de hauteur…) ou détruire les bâtiments (effondrement sur le patient, ensevelissement).
On peut alors observer des polytraumatismes, des « crush syndrom », et des asphyxies par écrasement. Les lésions quaternaires regroupent les autres effets liés aux explosions : thermiques (brûlures), toxiques (intoxication par fumées d’incendie) voire psychiques (stress aigu ou syndrome de stress post traumatique).
Sur le terrain :
• Respecter les consignes de sécurité. Ne pas s’exposer inutilement. Travailler en sécurité. Respecter les distances prescrites, coordonner son action avec les secours ;
• Relever les données de l’anamnèse : évaluation de l’intensité de l’explosion (agent vulnérant, effet sur les infrastructures, milieu clos ou ouvert), positionnement par rapport à l’explosion (projection, écran protecteur, contact avec des structures propageant l’onde de choc) ;
• Appliquer le Damage control en cas de lésion hémorragique (polytraumatisme ou polycriblage). Prioritaire lors du triage ;
• Rechercher les symptômes pulmonaires, même minimes et les lésions abdominales : examen, fast échographie. Prise en charge des brûlures.
Pendant le transport :
• Position d’attente : ½ assis si lésions pulmonaires, jambes surélevées si lésions abdominales ;
• Être attentif aux ruptures d’organes creux avant d’envisager un transport aérien.
A l’hôpital :
• Damage control surgery, prise en compte du risque septique ;
• Bilan radiologique et TDM si lésions pulmonaires suspectées ;
• Prise en charge du traumatisme sonore et des lésions internes si présentes ;
• Recherche de lésion abdominale.