Sauramps

Éruptions volcaniques 

Arnaud BOURDE, Bertrand GUIHARD, Pedro Do MONTE

Il existe près de 500 volcans actifs dans le monde et près de 500 000 000 personnes sont directement concernées par les risques volcaniques sur la planète. La majorité des volcans sont situés au niveau des zones de subduction, à la limite de convergence des plaques tectoniques. Il existe un volcanisme effusif avec des laves fluides et un volcanisme explosif avec émission explosive de laves.

Bien que destructrices (Pompéi, Montagne Pelée) les éruptions volcaniques ne provoquent généralement pas de victimes en masse. L’ensemble de la population mondiale peut être cependant directement affectée à cause des rejets massifs de cendres et de gaz dans l’atmosphère.

La gestion préventive des dangers et la surveillance des volcans actifs, permettent aujourd’hui d’éviter des catastrophes massives.

Plusieurs types d’activité volcanique sont décrits, ce sont les volcans explosifs qui sont les plus dangereux. La dangerosité des volcans repose sur une série de phénomènes destructeurs expliquant les différentes pathologies :

  • Les coulées de lave, très spectaculaires, avec des vitesses parfois de quelques dizaines de kilomètres à l’heure, occasionnent assez rarement des pertes humaines ;
  • Les téphras, matériaux éjectés dans l’atmosphère lors des explosions dues aux variations de pression de gaz, peuvent se composer de fines cendres retombant jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres, jusqu’à de véritables blocs, retombant parfois à plusieurs centaines de mètres du cratère, en passant par les lapillis de granulométrie millimétrique et les scories de granulométrie centimétrique ;
  • Les coulées pyroclastiques sont de véritables nuées ardentes de grande vitesse et de très haute température, fatales par leur température, précédées d’un effet de blast ;
  • Les émissions de gaz, de température et de composition variable (dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, sulfures et fluorures d’hydrogène, gaz rares) entraînent des brûlures et des intoxications collectives. Elles peuvent se compléter de pluies acides à distance, avec des conséquences délétères, agricoles et climatiques ;
  • Les lahars sont des coulées de boue formées par la mobilisation de l’eau par la fonte de la glace ou de la neige au sommet d’un volcan, dévalant les pentes à grande vitesse avec une forte potentialité destructrice ;
  • Des tsunamis peuvent être la conséquence d’éruptions volcaniques sous-marines ou de projections en mer de matériaux volumineux.

La mortalité immédiate est surtout liée aux coulées pyroclastiques et aux téphras, bien plus qu’aux émissions de gaz et qu’aux tsunamis. Il existe ainsi toute une morbidité précoce faite de brûlures externes, de brûlures des voies respiratoires et de traumatismes lorsque les individus sont surpris par une explosion de proximité. De nombreux syndromes irritatifs sont dus aux effets des cendres et des gaz. L’inhalation de dioxyde de carbone ou de sulfure d’hydrogène est potentiellement mortelle.

Les éruptions volcaniques sont quelquefois précédées d’une série de petits séismes de puissances croissantes (tremor) annonciateurs de l’éruption qui peut être également signalée par une évolution de la composition des gaz. Ces alertes permettent d’adopter des mesures adaptées¹,²,³.

  • Se préparer à l’éruption inévitable et à son impact afin d’en diminuer les conséquences. La prévention implique une surveillance continue des volcans afin d’anticiper l’alerte, évacuer les populations menacées, limiter l’impact humain. La planification de ces risques est propre à chaque pays et à chaque type de volcans ;

  • Evacuer préventivement des populations est une règle absolue face à une menace éruptive, avec mobilisation des services médicaux, mise en place des axes habituels de prévention sanitaire et de surveillance épidémiologique (eau, nutrition, vaccinations, abris) et assistance médico-psychologique (prévention du stress post traumatique). L’accueil de ces populations est un enjeu, humain, social et majeur. L’exposition aux cendres et à certains gaz peut nécessiter une surveillance particulière ;

  • Intervenir en sécurité. Une mission sur un site menacé doit toujours être appréciée en tant que bénéfices/risques, et toujours validée par le responsable des opérations de secours. Des équipements spécifiques sont très souvent indispensables : vêtements résistants à la chaleur, masques filtrants, dispositifs d’assistance respiratoire. L’utilisation des hélicoptères peut être limitée par les nuages de cendres ;

  • Utiliser les radios communications VHF peu affectées si l’utilisation des valises satellites est perturbée en zones empoussiérées.

1. Kleitz O., Leonard C. Éruptions volcaniques. Manuel de Médecine de Catastrophe, Paris, Elsevier, 2O17, 302-316.
2. Chevrier RM. Éruptions volcaniques. Traité catastrophes, de la stratégie d’intervention à la prise en charge médicale, Paris, Elsevier, 1996, 455-490.
3. Gomard P, Bachelery P, Djardem Y, Bieda P, Henrion G, Bourdé A. Gestion des risques volcaniques à la Réunion. La Revue des SAMU, 1998, 142-148.