Sauramps

Équipements de protection individuelle des soignants

Catherine BERTRAND, Eric LECARPENTIER, Matthieu HEIDET

Un Équipement de Protection Individuelle (EPI) protège des soignants les voies d’entrée des toxiques : aériennes, digestives, cutanées et oculaires.

La liste des personnels volontaires, déclarés aptes au port d’EPI par la médecine du travail et préalablement formés, activables H24, les caractéristiques et tailles des EPI adaptés figurent dans le plan ORSAN NRC.

L’employeur a une obligation de formation et de concertation avec le CHSCT.

Les EPI NRBC des personnels de santé appartiennent à la catégorie 3 C de l’UE : protection contre des risques pouvant entraîner des lésions irréversibles ou mortelles. Ils sont composés de plusieurs pièces assemblées de façon étanche :

  •  protection respiratoire avec cartouche filtrante large spectre A2B2E2K2P3 (hors monoxyde de carbone et vapeurs d’iode) fixée sur un masque facial ou une cagoule de tête NRBC ;
  • protection cutanée du corps, de la tête de type air imperméable ou air perméable (voir Figure 1), sans discontinuité (fuites) avec les mains et pieds.

Figure 1 : Différences entre tissus isolant et filtrant.

Les EPI chimiques offrent une protection complète y compris contre les radionucléotides émetteurs alpha et beta, ce qui explique leur port tant que le risque n’est pas identifié.

Pour un risque NR, les personnels porteront un dosimètre sous leur tenue.

Pour un risque REB, l’EPI sera fonction du mode de contamination (recommandations COREB).

Seuls les EPI NRBC militaires répondent à des normes obligatoires. Les EPI civils sont évalués par un organisme notifié aux dires d’experts, avec une certification CE répondant aux Exigences Européennes de Santé et Sécurité (EESS).

Les EPI pour soignants doivent être adaptés à une large gamme d’âge, de taille, au port de barbe ou longue chevelure, de lunettes et à un niveau d’entrainement moindre que les militaires.

Anticiper l’arrivée spontanée de victimes contaminées (80% de personnes valides selon la littérature) nécessite d’avoir un EPI de première intention (protection faciale et gants) avant de pouvoir revêtir un EPI complet.

Porter un EPI est contraignant : moindre visibilité, perte d’audition, limitation de la dextérité, et a un coût physiologique : la tenue cutanée air-imperméable portée en atmosphère chaude impose un changement d’équipe toutes les heures tandis que la tenue air-perméable (transpiration possible) peut être portée plus de deux heures dans les mêmes conditions (tests du projet européen IFREACT¹ ²).

L’adjonction au masque facial d’un système de ventilation entretenant une légère surpression facilite la respiration et diminue notablement les contraintes physiologiques de l’EPI.

Le développement de cagoules ventilées NRBC, sans masque facial et à large visière (projet IFREACT) permet de porter des lunettes, de mieux voir et être vu des victimes.

La filtration P3 des cartouches correspond à celle des masques FFP3.

 

  • Bénéficier d’une formation GSU SSE et d’un entraînement annuel au port des EPI C, NR et B avec des EPI conçus pour l’entraînement et reflétant les contraintes des EPI réels ;
  • Harmoniser les procédures en interservices. L’habillage se fait en binômes. La fermeture de l’EPI ne sera faite qu’au moment de pénétrer dans la zone contaminée ;
  • Connaître les conditions de stockage, les péremptions (10 à 15 ans pour les tenues cutanées, 10 ans pour les masques et cartouches), la maintenance (masques, batteries, nettoyage des tenues d’instruction) ;
  • Anticiper le stress et la diminution de performance et prévoir des superviseurs et des moyens de communication sous port d’EPI si nécessaire ;
  • Tester les procédures de déstockage et disposer d’une protection immédiate de type cagoule de tête (rapidité de port, grande visière, ventilation en légère pression positive, taille unique, versions adulte, enfant, ou bébé, cartouche A1B1 E1K1P3) ;
  • Tester l’ergonomie de l’EPI : combinaison préférée à l’ensemble veste, pantalon ; épaisseur des gants fonction des tâches (injection d’antidotes ou tâches logistiques) ; choix de surbottes sur les chaussures de travail ou chaussettes intégrées à la tenue ;
  • Rédiger le cahier des charges en fonction des besoins. Certaines tenues air-perméables gardent leurs propriétés mouillées et peuvent être utilisées en zone de douche, économisant les rotations de personnels ;
  • Prévoir traçabilité, décontamination et contrôle médical des soignants en sortie de zone.
1. https://www.en.u-pec.fr/final-exercise-of-european-research-project-ifreact
2. Final Report Summary - IF REACT (Improved First Responder Ensembles Against CBRN Terrorism) : https://cordis.europa.eu/project/id/285034/reporting