Sauramps

Décontamination d’urgence

Catherine BERTRAND, Eric LECARPENTIER, Matthieu HEIDET

L’objectif est la décontamination la plus rapide possible des victimes en déplaçant (adsorption, douche) le produit contaminant, connu ou pas, pour éviter :

  • l’aggravation d’une intoxication initiale (toxiques piégés par les vêtements, les cheveux) ;
  • le transfert de contaminants aux intervenants, aux proches et aux structures ;

La décontamination sèche immédiate, dite d’urgence, vise à diminuer la quantité de toxiques portés par la personne et diminuer le risque d’intoxication par inhalation, ingestion, contact cutané et conjonctival.

La décontamination approfondie, dite humide (déshabillage complet et douche) vise secondairement àéliminer toute trace du produit.

En présence :

  • de toxiques chimiques, la décontamination d’urgence consiste en un déshabillage partiel par ablation des couches extérieures, des chaussures, et l’emploi d’un produit adsorbant sur la peau : gant poudreur (terre à Foulon), éponge imprégnée Reactive Skin Decontamination Lotion (DSDL), gant DECPOL®, voire simple papier absorbant. Lavage oculaire en cas de produits irritants ;
  • de particules radiologiques, elle consiste à éviter que la contamination externe ne devienne interne : déshabillage partiel sans s’ébrouer pour ne pas disperser les poussières radiologiques très volatiles et sans dénuder la peau pour ne pas provoquer de brûlures. Un spray d’eau permet de coller les poussières sur les vêtements. Ensuite décontamination avec douche si à proximité.

Pendant les procédures de décontamination d’urgence les victimes protègent leurs voies aériennes (masques FFP2 ou FFP3 pour les substances radiologiques) et ne doivent ni boire, ni manger, ni fumer¹ ².

La décontamination d’urgence, systématique et immédiate, privilégie une procédure d’auto-décontamination.

Les vêtements et effets personnels sont confinés dans des sacs identifiés et surveillés. Une chaîne de décontamination approfondie est activée de première intention. Son intérêt est confirmé si les détections puis l’identification confirment la présence de produits toxiques chimiques persistants au premier rang desquels les neurotoxiques et les vésicants ou si la présence de substances radiologiques est d’emblée détectée.

Ces procédures de décontamination ne doivent pas retarder la prise en charge médicale ou chirurgicale d’une victime en urgence absolue. En présence de substances chimiques, le déshabillage sera fait par des aides protégés EPI et en cas de substances radiologiques, la victime sera transportée jusqu’au bloc opératoire enveloppée d’une double enveloppe en vinyle³.

Les procédures de décontamination doivent être complétées avec l’injection d’antidotes et l’oxygénothérapie si indiquées.

En cas d’intoxication par l’ypérite qui ne s’accompagne pas de signes cliniques immédiats, des consignes seront communiquées par média officiel aux victimes qui se seront dispersées ou rentrées à leurs domiciles. 

  • Faire une analyse des risques et former le personnel à détecter un événement impliquant des produits NRBC-E et à porter un EPI (formations GSU SSE, SSA, EDF, SDIS) ;
  • Respecter le zonage, débuter la décontamination d’urgence au point de rassemblement des victimes ;
  • Communiquer avec les postes de commandement sur place et la régulation, décider avec le COS la possibilité de transférer des victimes graves sans décontamination vers les ES experts ;
  • Préparer des kits de décontamination d’urgence et des flyers en plusieurs langues expliquant la procédure d’auto-décontamination ;
  • Planifier des procédures au regard de la présence d’enfants ;
  • Faire en sorte que tous les établissements de santé de première, deuxième ou troisième ligne soient en mesure de faire procéder à une décontamination d’urgence⁴ ;
  • Protéger les premiers intervenants par des cagoules de tête uni-tailles et des gants nitrile afin de donner les premières consignes (usage d’un porte-voix) tout en restant à distance des victimes.


Pour tout établissement concerné :

  • Former et équiper les intervenants à la décontamination d’urgence5 ;
  • Pratiquer des exercices de décontamination d’urgence.

 

1. C Bertrand, C Ammirati, C Renaudeau - Risques chimiques : attentats, accidents, 2006, éditions Elsevier
2. C Bertrand, F Dorandeu, J-M Philippe, J Vaux, F Revaux, E Lecarpentier - Traité de médecine urgence, Chapitre 81. risques nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosifs. éditions Lavoisier, 2019
3. Guide de bonnes pratiques pour la mise en œuvre d’un point de regroupement des victimes lors d’un événement nucléaire, radiologique, biologique et chimique. SGDSN, 2020.
4. Guide de gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles au sein des établissements de santé. Direction générale de la santé, 2019.
5.https://clicktime.symantec.com/3XGdv2xjdciaD1a4CnK6UCJ6H2?u=http%3A%2F%2Fwww.seriousfactory.com%2Fexperience% 2FPLAN_BLANC_V06_Web%2F »