Lors d’une catastrophe, la zone de l’avant est généralement une zone d’insécurité du fait de la permanence du danger et du déploiement des secours. Le chantier est généralement balisé, interdit aux personnes non autorisées.
Les missions du médecin engagé sur les lieux mêmes de l’évènement, généralement en binôme avec son infirmier, sont doubles : conseiller l’équipe de sauveteurs, prodiguer les soins aux victimes les plus graves.
Du fait des conditions de sécurité et d’ergonomie, de la nécessité d’assurer rapidement la médicalisation et la mise en sécurité de la victime.
Parallèlement, il doit renseigner le poste de commandement, veiller à la sécurité des intervenants. Il ne doit pas prendre de risque inutile ou disproportionné et veiller à sa propre sécurité.
Par son entraînement, son comportement et sa tenue, sa bonne intégration dans les équipes de secours de l’avant, il facilitera et ne retardera pas leur action.
A l’avant, la prise en charge des victimes ne peut se concevoir que dans le cadre d’une chaîne de secours articulée avec une filière de soin organisée¹. Le médecin doit participer de façon active au dégagement et au ramassage des blessés mais ne peut seul dégager, examiner et traiter la victime, la brancarder.
Dans de mauvaises conditions ergonomiques, avec les risques toujours présents, il ne pourra pas traiter toutes les victimes en même temps. Pour être le plus efficace, le médecin doit :
- conseiller les sauveteurs, aider au choix des gestes de secours, contrôler leur efficacité ;
- reconnaître les victimes nécessitant les gestes les plus urgents² : arrêt des hémorragies, maintien d’une
ventilation efficace, prise en charge des détresses circulatoires, lutte contre l’hypothermie, analgésie. - limiter les gestes techniques au strict nécessaire, aux plus rapides et aux plus efficaces ;
- il doit veiller à ce que la prise en charge soit empathique et bienveillante.
L’action médicale doit s’intégrer harmonieusement dans la manœuvre de l’ensemble des intervenants et ne pas retarder la manœuvre de sauvetage, relevage, brancardage.
Lors d’urgences collectives de type NRBC-E, le médecin, sous certaines conditions, peut intervenir en zone d’exclusion³ :
- lors de l’utilisation d’agents chimiques de guerre lors d’une agression de masse, le médecin peut être appelé à pénétrer en limite de la zone d’exclusion, revêtu de l’équipement de protection individuel adéquat afin de renforcer le triage et prioriser la prise en charge des intoxiqués les plus graves. Il peut participer à l’identification du produit en cause et contribuer à définir la CAT immédiate. Il peut également pratiquer quelques gestes simples de réanimation médicale : administration d’un antidote,
maintien de la liberté des voies aériennes supérieures. Un entraînement préalable au port de l’EPI et aux possibilités de techniquer les intoxiqués avec la gêne et les limitations induites est indispensable ; - dans le domaine balistique, la permanence du danger limite pour l’essentiel l’intervention médicale aux seuls personnels de santé formés et porteurs d’une tenue de protection balistique qui accompagnent les forces d’intervention spécialisées.
Selon la situation, l’intervention médicale doit soit précéder le dégagement et s’insérer dans le cours de la manœuvre soit intervenir dès sa phase finale.
- Ne s’engager que sur ordre ou avec autorisation du responsable opérationnel ;
- Ne pas s’engager seul, constituer un binôme avec un infirmier ou à défaut un secouriste aguerri. Si nécessaire et possible, confier le blessé à l’infirmier et prendre en charge une deuxième victime.
- Avoir une tenue ou un équipement de protection individuelle adaptée ;
- Avoir prévu et disposer du matériel nécessaire aux premiers soins, l’avoir vérifié avant de s’engager, veiller à ce que son gabarit, son poids ou sa composition ne gênent pas la manoeuvre et soient compatibles avec la situation.
- Prendre les mesures nécessaires à la protection du site ;
- Prévenir les sur-accidents notamment des intervenants ;
- Prendre connaissance des effets de l’événement et de l’état des victimes ;
- Renseigner le responsable opérationnel, demander les renforts éventuels ;
- Dispenser les premiers soins médicaux de nécessité⁴ : privilégier les gestes simples, rapides d’exécution, fiables et strictement nécessaires. Il s’agit le plus souvent de contrôler les hémorragies, de libérer les voies aériennes, d’immobiliser et protéger les foyers de fracture et les gros délabrements, de placer les victimes en position d’attente et d’installer une protection thermique, une analgésie.
- Prévoir les délais et les modalités de brancardage et de portage jusqu’au PMA. Penser à bien fixer les dispositifs médicaux de soin et de monitorage, les pansements. Fixer le patient sur le brancard.
- Assurer une bonne protection thermique afin de prévenir une hyporthermie.
- Tracer son action en remplissant une fiche de l’avant, sur support papier ou numérique.
- Préparer ou faire préparer l’arrivée des renforts par un balisage et des itinéraires d’accès.
- Lors d’une opération de longue durée (sauvetage déblaiement par exemple), ne pas surestimer ses forces, accepter de se faire relever.
- Réconforter les victimes, manifester de l’empathie : leur parler même s’ils ne connaissent pas votre langue et soutenir les équipes qui travaillent avec vous.