Sauramps

Décontamination de masse

Catherine BERTRAND, Eric LECARPENTIER, Matthieu HEIDET

La gestion d’un événement NRBCE¹ ² ³ a pour objectif principal la prise en charge de victimes, potentiellement nombreuses, exposées à un ou plusieurs risques de nature nucléaire et/ou radiologique (NR), biologique (B), chimique (C) et explosif (E). L’événement NRBC-E peut survenir dans un cadre accidentel industriel ou de nature terroriste.

Il s’agit de victimes complexes ; blessées, et/ou brûlées, et/ou blastées, et/ou intoxiquées, et/ou contaminées. Leur prise en charge est rendue plus complexe en cas de risque de transfert de contamination ou de contagiosité.

Une décontamination de masse comprend deux étapes :

  • La décontamination d’urgence (voir fiche suivante),
  • La décontamination approfondie, humide, qui nécessite d’acheminer et de déployer sur site des chaines ou des cabines de décontamination. Leur mise en oeuvre nécessite des personnels nombreux (médicaux et paramédicaux, secouristes et spécialistes) et demande du temps (sauf déploiement préalable). La décontamination humide lente, minutieuse, vérifiée doit être effectuée par des personnels protégés et entrainés. Son débit est faible. La présence de personnes invalides, d’enfants, de victimes inconscientes peut nécessiter une ligne spécialisée. A l’issue, les victimes doivent être séchées, rhabillées, soignées dans un PMA avant évacuation si nécessaire.

La mise en oeuvre d’une chaîne de décontamination est une manoeuvre qui doit être organisée et conduite sous l’autorité du COS, du DSM sur le terrain. Au niveau des établissements de santé (ES), la déclinaison des plans ORSAN AMAVI, NRC et REB dans le « plan blanc » doit prévoir l’arrivée inopinée de victimes blessées, intoxiquées, contaminées, infectées, y compris pédiatriques et handicapées selon des flux prédéterminés.

Le risque NR peut être détecté immédiatement, les victimes asymptomatiques valides porteuses d’une contamination externe doivent protéger leurs voies aériennes et s’abstenir de boire, manger et fumer avant déshabillage complet et douche.

Les agents chimiques toxiques de guerre sont détectables cliniquement précocement sauf l’ypérite. L’identification des substances chimiques est évaluée à un minimum de deux heures après exposition initiale.

Neurotoxiques et vésicants sont des toxiques persistants nécessitant une décontamination approfondie avec douche en complément des procédures de décontamination d’urgence.

Le tri des victimes permet d’identifier des victimes impliquées, sans blessure physique ou traces de contamination, et qui seront surveillées en un point déterminé, en attente d’informations validées sur les agents en cause. Les autres victimes valides ou invalides symptomatiques sont classées en UA ou UR.

La décontamination des victimes nécessite le port d’EPI et l’application du principe de marche en avant.

Les techniques de décontamination de masse par déshabillage et passage sous des jets d’eau non chauffée ont des limites au plan culturel, physiologique (hypothermie), efficacité

  • Établir le zonage sur site et à l’entrée des ES ;
  • Donner des consignes claires de sécurité quant aux zones de regroupement (en ayant à l’esprit surattentat et sites multiples) ;
  • Faire procéder à une auto-décontamination d’urgence de toutes les victimes valides par déshabillage partiel sans utiliser de produits adsorbants ;
  • Porter des EPI adaptés et procéder prioritairement à la médicalisation des UA (la décontamination ne prime jamais sur la médicalisation des UA pour le risque NR) ;
  • En attendant la confirmation du bienfondé ou non d’une décontamination approfondie, augmenter la rentabilité des chaînes de décontamination en multipliant les lignes en parallèle, en diminuant le temps de douche à moins de deux minutes (résultats du projet Orchid), en facilitant le passage sous la douche grâce à l’installation d’arceaux successifs, en simplifiant la mise en place des chaînes grâce à l’incitation à construire des chaînes fixes au niveau des ES, voire en utilisant des dispositifs plus rustiques (séparation des zones par des paravents) ;
  • Si les postes de douche ne sont pas suffisants, se souvenir qu’un déshabillage complet enlève le maximum de produits contaminants ;
  • Prévoir des réceptacles pour les vêtements et effets personnels en les faisant surveiller dans une zone spécifique.



Figure 1 : Exemples de chaîne de décontamination. Origine : DGSCGC.

1. Circulaire N° 700/SGDSN/PSE/PSN du 2 octobre 2018 + Annexes
2. Circulaire N° 800/SGDSN/PSE/PPS du 18 février 2011 + Annexes
3. Circulaire interministérielle n° 007/SGDN/PSE/PPS du 8 octobre 2009, relative au dispositif interministériel d’intervention face à la menace ou à l’exécution d’actes de terrorisme nucléaire, radiologique, biologique ou chimique (NRBC)