Sauramps

Point de regroupement des victimes (PRV)

Benoit VIVIEN, Bertrand PRUNET, Henri JULIEN

Le Point de Regroupement des Victimes (PRV), situé en zone d’exclusion ou à sa limite, répond à la nécessité d’une prise en charge sans délai, secouriste et éventuellement médicale, des victimes les plus graves, intoxiquées ou blessées, avant même leur progression dans la chaîne médicale : Triage – PMAÉvacuation.
Le PRV a initialement été proposé lors d’actions terroristes avec des toxiques chimiques de guerre pour en limiter l’impact (administration d’antidotes) avant même l’entrée en chaînes de décontamination¹.

Par extension, lors des attentats balistiques avec prise d’otage, nécessitant une grande rapidité de prise en charge des victimes hémorragiques, la notion de PRV située en marge de la zone d’exclusion en bout du couloir d’évacuation a été appliquée².

Il s’agit de prodiguer des soins extrêmement urgents (antidotes, damage control). Ce qui ne dispense pas des règles de triage préalable et de traçabilité. Seules les victimes classées extrêmes urgences (EU) doivent en principe bénéficier de ce circuit rapide court-circuitant le PMA permettant la prise en charge chirurgicale accélérée.

L’emplacement, l’organisation, la situation d’un PRV par rapport à la chaîne médicale de secours doivent être raisonnés. La décision de le déployer relève du responsable du déploiement et de l’organisation des secours.

Figure 1 : Emplacement du PRV lors d’une attaque terroriste chimique¹.

• Dans le cas d’attaque chimique il constitue un SAS entre la zone d’exclusion et la zone contrôlée. Il vise à reconnaître les cas les plus graves et les traiter sans délai. L’ensemble des personnels intervenant doivent impérativement revêtir un EPI, y compris médecins, infirmiers et/ou pharmaciens qui doivent être formés et entraînés au port de l’EPI et à l’administration d’antidotes. Les gestes effectués sous EPI doivent être limités à l’essentiel : triage, gestes de secourisme et positions de sécurité, administration d’antidotes.

• L’attaque balistique terroriste est aussi un cas de déploiement d’un ou plusieurs PRV situés en bordure de la zone d’exclusion au bout du couloir d’extraction. Les personnels de secours et de soins intervenant doivent revêtir un EPI adapté afin de procéder au tri, aux soins urgents et au brancardage à travers la zone contrôlée vers le ou les PMA.

Figure 2 : Emplacement des PRV lors d’une attaque terroriste balistique².

 

Hors de ces deux cas, la création du PRV ne doit pas gêner la manoeuvre générale mais s’y intégrer. L’évacuation directe ne doit concerner que les EU (5 à 10 % des victimes blessées) et ne pas nuire à la traçabilité de l’ensemble de l’opération (fiche de triage remplie enregistrée)³,⁴. Il doit répondre à des critères précis :
• Placé en zone contrôlée ou à sa limite, avant le PMA situé en zone sécurisée ;
• Prodiguer des soins extrêmement urgents (antidotes, damage control) destinés aux détresses vitales immédiates accessibles à un geste ou une thérapeutique salvatrice ;
• Permettre aux victimes classées extrêmes urgences (EU) de bénéficier de circuit court-circuitant le PMA, puis d’une évacuation rapide permettant une prise en charge chirurgicale accélérée. Ce qui ne dispense pas des règles de triage préalable, de régulation médicale de la destination hospitalière,
et de traçabilité.

Figure 3 : Situation du PRV par rapport à la chaîne médicale des secours

Les délais de médicalisation de l’avant étant ainsi réduits ne doivent pas l’être au dépend de la qualité et de la traçabilité des soins.

•La décision de l’installation d’un PRV doit relever de l’autorité compétente et s’insérer dans la conduite générale des secours ;
•Les conditions de sécurité doivent être respectées impérativement. Port de l’EPI et entraînement préalable ;
•Tout personnel de secours ou de soin doit être reconnu par le COS, le COPG ou le DSM, son action s’intégrer dans le schéma général opérationnel ;
•Intervenir au niveau d’un PRV pour intervention chimique ou balistique ne peut se faire que sous EPI et après une formation et un entraînement, en accord avec les autorités opérationnelles.
•En dehors des situations de danger chimique ou balistique l’installation d’un PRV et l’évacuation directe court-circuitant la filière de soins sur le terrain (PMA) ne peut se faire qu’après autorisation du DSM et/ou du régulateur et ne concerner que les EU nécessitant une intervention chirurgicale de sauvetage. Rendue difficile par la situation d’urgence et le risque ambiant, la traçabilité de l’intervention doit être la règle (support papier de type fiche de catastrophe ou numérique SINUS).

1. Premier Ministre, SGDN – Circulaire relative à la doctrine nationale d’emploi des moyens de secours et de soins face à une action terroriste mettant en oeuvre des matières chimiques. N° 700/SGDN/PSE/PPS du 7 novembre 2008. http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2009/04/ cir_1349.pdf
2. Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des risques. Note de doctrine opérationnelle. Tuerie de masse. N° DGSCGC/ CAB/DSP/SDDRH/BDFE/2017 du 20 mars 2017.http://www.cmub.fr/wp-content/uploads/2017/04/Note-de-doctrine-operationnelle-tuerie-demasse- DGSCGC-2017-03-20.pdf
3. Henri Julien, Jean-Marc Philippe – Poste médical avancé. Manuel de médecine de catastrophe Lavoisier Paris 2017 ; 176-190
4. Henri Julien - Le point de regroupement des victimes. Lettre de la SFMC n° 104. Février 2019. https://www.sfmc.eu