Sauramps

Postes médicaux avancés (PMA)

Stéphane TRAVERS

Le poste médical avancé (PMA) est le lieu de regroupement et de médicalisation des victimes en situation de catastrophe.
Le choix de son emplacement doit concilier :
• Sécurité car tout déplacement secondaire du PMA sera potentiellement délétère pour les patients ;
• Accessibilité pour permettre le brancardage facile depuis l’avant puis l’évacuation rapide vers les hôpitaux;
• Ergonomie pour permettre la réalisation de soins de qualité (éclairage …) et la protection des patients
(froid, intempéries…) ;
• Proximité du lieu d’extraction des blessés (tout en respectant l’impératif de sécurité).
Le PMA est chaque fois que possible unique pour faciliter la gestion des flux de victimes. En fonction des élongations et/ou du type de catastrophe (séisme, attentats multisites, incendies majeurs…), la mise en place de plusieurs PMA peut cependant s’avérer nécessaire.
Chaque PMA est placé sous la responsabilité d’un médecin chef PMA, lui-même sous les ordres du directeur des secours médicaux.

En situation de catastrophe, le nombre de victimes dépasse souvent (temporairement ou non) les ressources immédiatement disponibles. Regrouper les victimes permet de prioriser la réalisation des soins les plus urgents et d’optimiser l’action des équipes de secours¹².
Le premier lieu de rassemblement est souvent appelé « point de regroupement des victimes (PRV) ». On parle de PMA lorsque ce lieu est médicalisé par des équipes médicales préhospitalières et doté du support logistique nécessaire.
Le regroupement en un lieu unique (le PRV devenant PMA lorsqu’il est médicalisé) est en règle plus opérationnel que de regrouper successivement des
victimes en deux lieux distincts.
Le passage au PMA ne doit jamais retarder l’évacuation d’un blessé hémorragique³.
L’organisation du PMA doit permettre :
• Un lieu d’entrée unique facilitant la catégorisation des victimes en urgences absolues (UA) et urgences relatives (UR) ;
• L’installation de deux zones dédiées pour les patients UA et UR ;
• Un lieu de sortie unique avec secrétariat de sortie, régulation médicale et traçabilité des évacuations.
Le PMA est un « concept » adaptable à la nature des victimes et aux conditions environnantes⁴ :
• Un café, un restaurant, un quai, un hall de gare ou encore un gymnase (doté si possible de deux portes pour l’entrée et la sortie) sont de bons choix en ville ;
• Un hall d’immeuble ou la simple délimitation d’une zone à l’air libre peuvent suffire pour trier et évacuer rapidement des blessés ;
• Des ensembles mobiles (tentes ou autres) peuvent s’avérer utiles par mauvais temps ou la nuit, si aucune infrastructure n’est immédiatement utilisable sur place et sous réserve de déploiement rapide afin de ne pas retarder les évacuations urgentes5.

Deux écueils doivent absolument être anticipés :
Seules les victimes nécessitant des soins médicaux doivent être prises en charge au PMA. Les victimes impliquées doivent être regroupées et prises en charge dans un lieu séparé à proximité (Point de Regroupement des Impliqués).
La mise en place d’un PMA ne doit jamais retarder l’évacuation des victimes.
Tout EU (blessé hémorragique en premier lieu) doit accéder au bloc chirurgical le plus rapidement possible (bien avant la « golden hour » si possible !). Selon la situation, ce type de blessés bénéficiera d’une mise en condition très rapide au PMA ou d’une évacuation médicalisée sans passer par le PMA (mais en s’assurant de sa traçabilité par le recueil au secrétariat PMA du nom (ou au moins du numéro) du patient et de sa destination).

• Premières équipes secouristes : Regrouper les victimes en sécurité, séparer UA et UR et initier les premiers soins.
• Première équipe médicale : Confirmer le lieu du PMA, organiser son fonctionnement et débuter les soins médicaux, initier une liste unique de victimes, attribuer des missions aux équipes secouristes et médicales lorsqu’elles se présentent sur place (ramassage, soins au PMA, évacuation…).
• Médecins et infirmiers affectés au PMA : Assurer les soins au profit d’une ou plusieurs victimes en zone UA ou UR. Adapter le temps, les gestes et les moyens pour permettre la survie et la qualité des soins au profit du plus grand nombre. Remplir pour chaque patient une fiche médicale de l’avant. Transmettre
au médecin chef PMA et/ou au médecin régulateur les éléments permettant une destination adaptée. S’assurer de l’évacuation rapide des patients.
• Directeur des Secours Médicaux (DSM) : Confirmer ou désigner le médecin chef PMA, lui attribuer les moyens nécessaires (équipes secouristes, équipes médicales, moyens logistiques, transmissions…), s’assurer du bon fonctionnement du PMA et de la rapidité des norias ramassage et évacuation (notamment pour les blessés graves). Rendre compte et demander les moyens au commandant des
opérations de secours et aux différentes autorités concernées (salle de crise, régulation…).
• Médecin Chef du PMA : Organiser la catégorisation des victimes à l’entrée du PMA, attribuer les équipes médicales aux zones UA et UR (prendre en compte les compétences de chacun). S’assurer de la qualité des soins, de l’attribution rapide des destinations et de la traçabilité des évacuations (liste unique) lors du passage au secrétariat de sortie. Conserver un lien permanent avec l’officier ramassage
en amont, l’officier PMA au sein du PMA et avec l’officier évacuation et le médecin régulateur en aval.
Demander les moyens nécessaires au DSM. Lui rendre compte tout au long de l’intervention.
• Médecin régulateur : Attribuer les destinations hospitalières à chaque patient (individuellement ou par groupes de patients). S’assurer qu’aucune évacuation de patient n’est retardée par l’absence de destination.

1. René Noto, Pierre Hugenard, Alain Larcan. Poste médical avancé. Médecine de catastrophe. Paris : Editions Massons ; 1987.
2. Henri Julien, Jean-Marc Philippe. Poste médical avancé. Manuel de médecine de Catastrophe. Paris : Ed Lavoisier 2017 : 176-190.
3. Stéphane Travers et al. Attentat par fusillade et damage control : particularités des victimes et organisation spécifique, Journal Européen des Urgences et de Réanimation 2016.
4. Lionel Lamhaut et al, Le Poste Médical Avancé (PMA). Journal Européen des urgences et de réanimation.2016. Disponible sur : http:// dx.doi.org/10.1016/jerea.2016.05.003
5. Frédéric Adnet, Jean-Pierre Maistre, Claude Lapendry et al. Organisation des secours médicaux lors de catastrophes à effets limités en milieu urbain. Ann Fr Anesth Reanim. 2003 ; 22 : 5-11.