Sauramps

Directeur des Secours Médicaux (DSM)

Henri JULIEN

De permanence, ou désigné, le médecin directeur des secours médicaux (DSM) est responsable du déploiement et du fonctionnement de la chaîne des secours et des soins d’urgence pour urgence collective ou situation exceptionnelle1. Placé sous les ordres du commandant des opérations de secours dans le cadre du plan ORSEC NoVi2, après une analyse de la situation, il demande et gère les personnels et les moyens adaptés selon une idée de manœuvre s’articulant avec le plan ORSAN AMaVi3.

Lourde responsabilité, la direction des secours médicaux nécessite savoir, savoir-faire et savoir être, acquis
lors d’une formation, d’un entrainement. Elle est concrétisée par une idée de manoeuvre exprimée,
facilitée par le savoir-faire des exécutants. Le premier médecin sur les lieux, pré-DSM initialise le dispositif
dans l’attente de l’arrivée du DSM en titre.
L’anticipation doit être la règle, un plan B en cas de difficultés ou d’évolution néfaste doit être préparé.

La prise de responsabilité :
Au départ et pendant le trajet, recueillir le maximum de renseignements. Rendre compte de son arrivée sur les lieux.

Prendre contact avec le COS ou le COPG, le premier médecin. Revêtir la chasuble DSM et s’assurer d’une liaison radio avec le COS.
Prendre rapidement connaissance de la situation : nature et évolutivité des risques, nombre approximatif et état des victimes, moyens présents.
Demander ou confirmer le plan NoVi, définir un plan d’action avec l’avis du COS.
Sous la forme d’un premier message d’ambiance, informer les bases arrière et demander les renforts nécessaires en précisant les délais de présentation et, si possible un point de concentration.
Rappeler et faire respecter les consignes de sécurité.
Désigner les responsables opérationnels et donner des consignes claires :
• fixer l’emplacement du PMA selon les critères de sécurité, d’accès, d’ergonomie et de proximité, après avis du COS ;
• désigner les responsables qui revêtent leur chasuble :
• Du ramassage et de la petite noria de brancardage, généralement un officier de sapeur-pompier, lui attribuer les personnels et moyens nécessaires, médicaliser le ramassage si nécessaire, rappeler les consignes de tri secouriste,
• Du PMA : binôme médecin chef du PMA responsable du tri médical et de la médicalisation des UA et UR, officier PMA pour l’aspect logistique : déploiement des moyens nécessaires, gestion des personnels de brancardage et de l’approvisionnement. S’assurer de la qualité de la traçabilité par l’attribution systématique de fiche de tri papier et/ou numérique.

• De l’évacuation : généralement un officier SP chargé du regroupement et du décompte des vecteurs d’évacuation, du maintien des chauffeurs dans leur véhicules, de la préparation à l’évacuation.

Etablir un réseau radio tactique avec les responsables de moyens de transmission et déployer si nécessaire un PC DSM auprès du PC COS.
Prendre contact avec les représentants des services concernés et des équipes secouristes ou ambulancières ; notamment :
• Le médecin régulateur avancé du SAMU avec qui se partage l’idée de manoeuvre. Ce dernier organise le placement des victimes avec le SAMU ;
• Les responsables des équipes de secouristes et des ambulanciers qu’il intègre au dispositif.

Réévaluer régulièrement la situation à communiquer au COS, au SAMU et aux responsables opérationnels engagés. L’afficher au PC-DSM.
Dans le cas d’interventions à risque évolutif ou rémanent avec périmètre de sécurité (chimique, balistique avec prise d’otage, feu d’ERP, sauvetage déblaiement…) faire respecter les zones et apprécier avec le COS l’intérêt de médicaliser les victimes en zone d’exclusion.
Demander, si nécessaire, l’emploi de moyens spéciaux de ramassage, de traitement ou d’évacuation (hélicoptères par exemple).
Veiller à ce que les impliqués soient regroupés en zone sécurisée dotée d’un accueil organisé avec soutien médico-psycho-sociologique.
Bien que les dépouilles de victimes relèvent de la justice, prévoir une morgue improvisée.
En situation de catastrophe majeure, gérer les secours du chantier confié selon les mêmes principes.

En conduite, s’assurer de :
• La rapidité des évacuations. Notamment des UE qui peuvent court-circuiter le PMA si les équipes médicales sont jugées en nombre suffisant. Donner priorité aux plus graves ;
• La rapidité de montée en puissance, le déploiement du PMA ne doit pas retarder la manoeuvre de ramassage-soins-évacuation ;
• La qualité des gestes de secours et des soins effectués et de l’adéquation qualité de la prise en charge/gravité ;
• Une parfaite articulation ORSEC NoVi- ORSAN AMaVi ;
• Un approvisionnement logistique et matériel adapté ;
• Le renseignement au fil de l’eau des autorités par l’intermédiaire du COS, ou directement si celui-ci le demande, établir des bilans d’étape, la mise à jour de la situation tactique (SITAC) ;
• L’établissement par le PC DSM de la liste des victimes entrées dans le dispositif ;
• La qualité des contacts entre les différents services intervenants pour assurer leur complémentarité.
• Si nécessaire, organiser les relèves de personnels.

En fin d’intervention :
• Après l’évacuation des derniers blessés et impliqués, rendre compte au COS et demander la levée du
dispositif. Provoquer la réunion des différents services et organismes ayant participé à l’opération et constituer la liste officielle des victimes, animer un bref échange d’information sur le déroulement de l’intervention ;
• Rédiger un mémoire personnel, base d’un rapport éventuel, d’un retour d’expérience ;
• En accord avec le COS, participer à la communication vers les média.

1. Julien H., Bignand M. Plan d’intervention pour catastrophes à effet limité – Du plan rouge au plan ORSEC-Novi Manuel de médecine de catastrophe. Paris 2017, Lavoisier Editeur ; 124-145
2. Instruction interministérielle NOR INTE 1801142J du 2 janvier 2019, relative à l’élaboration du dispositif ORSEC « secours à de nombreuses victimes » dit NOVI http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2019/03/cir_44445.pdf
3. Le dispositif ORSAN https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/securite-sanitaire/article/le-dispositif-orsan